Jacques Borlée, médaille d’or du management

Entrepreneuriat / PME
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On ne présente plus Jacques Borlée. Coach à succès, père d’athlètes de haut niveau, homme médiatique toujours prêt à défendre son sport, LE sport.
Pourtant, Jacques Borlée ne se résume pas qu’au sport. Il est aussi ancien chef d’entreprise et coach en entreprises.
Entretien.

 

Pouvez-vous nous parler de votre parcours, aussi bien managérial que sportif ?

J’ai été chef d’entreprise et j’ai toujours aimé, après ma carrière d’athlète, coacher. J’ai d’abord coaché dans le basket, ensuite dans le tennis et le football. J’ai toujours eu énormément de succès.
Ensuite, ma fille, Olivia, m’a demandé de la coacher. De là, ont suivi, Jonathan, Kevin, Dylan et tous les autres athlètes et les succès qui en ont découlés.
En résumé, la famille Borlée, cela correspond à 42 médailles en cumulé, à l’international.
Aux Jeux Olympiques, aux Championnats d’Europe et du Monde ainsi qu’aux Championnats américains.
Comme je le dis souvent, en ayant une médaille, j’aurais été très heureux et imaginer que nous en avons obtenues 42, c’est incroyable !

Pouvez-vous nous parler un peu plus en détail de votre carrière de chef d’entreprise ?

À la fin de ma carrière sportive, j’étais endetté et il a fallu travailler. J’ai commencé à vendre du matériel sportif (des chaussettes, des élastiques…) et j’ai très vite rencontré un certain succès, ce qui m’a permis de grandir et d’acquérir une expérience vraiment intéressante en tant que chef d’entreprise.

Comment en êtes-vous venu au management ? Un peu par la force des choses ?

Oui, par la force du succès, par la force de gagner. Je pense que j’ai ça en moi et j’essaye de sortir le meilleur des personnes. C’est venu de façon évolutive, les moments les plus forts ont été la rencontre à la Juventus de Turin et les rencontres avec des chefs d’entreprise.
De façon assez étonnante, le succès est très proche de l’échec. Il faut donc s’efforcer à faire tomber la pièce du bon côté. Et pour ce faire, il faut mener une réflexion très rationnelle et s’entourer de gens de très haute performance. Je pense que l’art fondamental, c’est de savoir bien s’entourer. Pour illustrer, il ne faut pas que le physiologiste s’occupe de ce que fait le kiné, que le kiné ne se mêle pas de la tâche du diététicien… chacun doit rester dans son domaine d’activités, même s’ils ont des compétences dans d’autres secteurs.
Evidemment, tout le monde peut exprimer ses remarques, ce qu’il y a à changer. Mais cela doit se faire avec l’expert concerné, pas directement avec les personnes managées, dans ce cas, avec les athlètes.

Il faut donc, toujours, permettre aux gens de s’exprimer, de donner ce qu’ils ont en eux, mais dans un cadre bien précis.

Qu’est-ce que le sport de haut niveau a apporté à votre management ?

Le sport de haut niveau, c’est la recherche totale de l’excellence. L’excellence est, cependant, réservée à tout le monde. Mais il est nécessaire d’adopter une attitude qui permet de donner à un individu de donner le meilleur de lui-même.
Il existe une grande différence entre le coaching sportif et le coaching d’entreprises.
Ce qui est extraordinaire dans le coaching sportif, c’est que vous avez affaire à l’humain et que l’humain doit s’exprimer. Il existe des choses fondamentales qui s’appellent le QE et le QLove (« Quotient Emotionnel » et « Quotient Love », NDR.).
Nous sommes dans une société qui développe énormément le QI. Mais la performance dans le sport, et aussi dans les grandes entreprises, est le développement du QE.
Ce qui implique énormément de clarté, de la réciprocité, beaucoup d’empathie, de l’honnêteté, de l’échange, de l’engagement… et tout cela doit être fait avec passion.
Quand vous donnez votre cœur et que vous touchez le cœur de votre athlète, vous créez une alchimie qui est bien plus forte que le dopage. Ce sont des moments très forts dans le coaching mais il est plus difficile de les obtenir dans le coaching d’entreprise.
Dans le coaching d’entreprise, on peut parfois cadenasser, ne voir que la part financière des choses, alors que dans le coaching sportif, c’est impossible.
On ne peut pas être dans un concept financier, on est dans un concept humain et il faut apprendre à mettre l’humain au centre des préoccupations.
Ici, évidemment, c’est l’athlète qui est au centre de l’attention. C’est subliminal et ça donne une force incroyable. Quand le monde de l’entreprise agit comme dans le coaching sportif, cela devient une entreprise incroyable.

Selon vous, en quoi le management est-il important dans le sport ?

C’est la clef ! Parce que, comme je dis souvent : « Vous pouvez être le meilleur entraîneur du monde, si vous ne savez pas coacher, manager, vous n’aurez jamais de médaille. Par contre, vous pouvez être un excellent coach, un excellent manager et pas un très bon entraîneur mais vous gagnerez des médailles d’or ». Dans les grandes compétitions, tout se joue à 70% au niveau mental.

À contrario, est-ce que le sport est important dans le management ? Est-ce qu’un chef d’entreprise, un manager devrait pratiquer le sport ?

Nous sommes dans des challenges absolument effrayants dans le futur. Ces challenges sont liés aux burn-out, aux maux de dos, à l’obésité. Nous rentrons donc dans un monde de court-termisme action-réactionet notre cerveau n’est pas du tout prêt à ce mode d’activité.
Il faut augmenter les capacités du corps, en particulier du cerveau, à pouvoir encaisser les stress phénoménaux du monde actuel. Pour moi, il faut donc totalement modifier l’enseignement et, dans le développement du QI, développer le QE. Travailler la relaxation, le schéma corporel, la coordination parce qu’on rentre dans la mondialisation, dans des notions de performance et pour être performant, il faut avoir une maîtrise, une harmonie du corps et du cerveau. Donc, selon moi, l’enseignement doit être révolutionné et ne doit plus s’attarder uniquement au QI mais au développement global de l’individu. C’est un sacré challenge.

Avez-vous un style de management privilégié ?

Non. Dans le management sportif, si vous allez dans le rationnel et que vous ne transformez pas ça en sensation, vous n’obtiendrez pas de résultat.
C’est donc un management qui, quelque part, est totalement différent du management d’entreprise. Cette notion de sensation est essentielle. En tant que coach, c’est toujours plus difficile d’entraîner des médecins, des ingénieurs… qui sont tout le temps en train d’analyser.
La performance à très haut niveau, c’est du ressenti, c’est animal. Il faut donc aller chercher ce côté animal que nous avons tous en nous, ce qui est un peu particulier.

 Est-ce plus facile de coacher des sportifs de haut niveau ou des entreprises ?

C’est “archi-compliqué ” de coacher des sportifs de haut niveau parce que le corps intervient dans le résultat. Ce qui a pour conséquence qu’une erreur de coaching entraîne une sanction immédiate. Dans le monde l’entreprise, c’est différent. Si vous entrez dans une phase descendante, dans une situation qui se dégrade, vous avez encore le temps de vous ressaisir et de repartir.
En sport, c’est l’excellence totale, la recherche de l’absolu et donc le résultat est là, sans possibilité de changement. Par contre, l’avantage du sport, c’est de vivre l’émotion. Quand il y a une victoire, vous la vivez littéralement, ce qui est extrêmement fort.
Evidemment, ce sont des choses qu’on ne retrouve pas dans le management d’entreprise.
La sensation de victoire n’est pas la même. Par exemple, vous allez signer un contrat très important pour une grosse somme d’argent, vous le sentez venir deux ou trois semaines à l’avance. Alors qu’en sport, une victoire, c’est quelque chose de soudain, c’est un flash, c’est très fort et ça touche, en un instant, l’émotion, le cœur.

Parlons maintenant de la formation dans laquelle vous intervenez au sein de l’ICHEC Formation Continue, qui s’appelle PME-plus ®.
Dans quel cadre intervenez-vous dans cette formation et qu’elle est la plus-value que vous lui apportez ?

En fait, je raconte mon histoire et comment j’ai pu, de façon successive, rentrer dans la vue holistique, dans le futur proche, pour créer la tranquillité et faire en sorte que ce cerveau, qui est l’ordinateur du système, puisse fonctionner idéalement.
Par mon mode de fonctionnement, j’essaye d’inspirer les individus et de montrer comment on arrive à des résultats mondiaux incroyables. C’est une transmission d’expérience. J’explique aussi comment je fais pour arriver à ces résultats de façon répétitive.
J’explique que les médailles, les résultats, sont derrière nous et que nous devons écrire le futur.
Nous sommes des Homo-Sapiens, nous vivons constamment dans les peurs. Coacher/Manager, c’est sortir les gens des peurs, faire en sorte qu’ils puissent s’exprimer et qu’ils parviennent à accomplir des choses inouïes.
C’est le message que je fais passer. Tout d’abord soi-même maîtriser les peurs, et ensuite arriver à sortir des peurs les gens que vous managez.

Si vous rencontrez demain un dirigeant de PME et que vous lui parlez de PME-plus ®.
Que lui diriez-vous ? Est-ce que vous lui conseilleriez de suivre cette formation et pourquoi ?

C’est très simple. La formation de base, est toujours une formation qui est dans le développement du QI, ce qui est totalement insuffisant.
Tout se passe essentiellement dans le QE et le QLove et on ne le retrouve quasiment pas à l’école, ce qui est pour moi une très grande lacune.
Connaître les expériences de chef d’entreprise, c’est fantastique.
Je vais prendre l’exemple de ma fille, qui a étudié l’architecture d’intérieur et le stylisme.
Quand elle a voulu créer sa propre gamme textile, le chemin difficile, les difficultés, elle a appris à les surmonter sur le terrain. Evidemment, on apprend des choses très intéressantes et importantes dans les écoles mais on n’enseigne pas à faire face aux vents violent et à les maîtriser. Donc entendre les expériences de ces gens qui ont su affronter ces vents violents et les transformer en vents favorables, c’est une richesse énorme.